Issa Tchiroma Bakary face à la justice : le Cameroun à un carrefour politique
Le Cameroun traverse une nouvelle zone de turbulence après que le ministre de l’Intérieur, Paul Atanga Nji, a annoncé des poursuites contre Issa Tchiroma Bakary, candidat d’opposition et ancien ministre du gouvernement Biya.
Ce dernier est accusé d’avoir revendiqué sa victoire à l’élection présidentielle d’octobre 2025 avant la publication officielle des résultats, et d’avoir appelé à des manifestations considérées comme non autorisées.
Ces événements interviennent dans un climat déjà tendu par les violences postélectorales signalées à Douala, Garoua et Yaoundé.
Entre revendication politique et maintien de l’ordre
Le gouvernement affirme que les manifestations ont entraîné des pertes humaines et qu’il s’agit d’une tentative de déstabilisation.
Les partisans de Tchiroma, eux, dénoncent des accusations politiquement motivées visant à étouffer toute contestation électorale.
Les observateurs internationaux, dont Le Monde Afrique et Reuters, notent que si le président Paul Biya a été proclamé vainqueur avec 53,66 % des voix, le processus électoral a manqué de transparence, et l’opposition n’a pas eu un accès égal aux médias ni aux moyens logistiques.
Liberté d’expression et droit de réunion
La situation pose un dilemme démocratique classique : comment concilier le droit à la liberté d’expression et de réunion pacifique (articles 19 et 20 de la Déclaration universelle des droits de l’homme) avec la nécessité du maintien de l’ordre public ?
Revendiquer une victoire sans résultats officiels reste risqué, mais réprimer des rassemblements politiques sans dialogue fragilise davantage la légitimité du pouvoir.
La proportionnalité de la réponse des autorités sera déterminante pour juger du respect des droits humains.
Un contexte institutionnel sous tension
Le Cameroun demeure sous la présidence de Paul Biya, au pouvoir depuis 1982 — un record mondial de longévité politique.
Ce cadre institutionnel limite la confiance dans la neutralité des organes électoraux et judiciaires.
Plusieurs ONG, dont Human Rights Watch et Amnesty International, appellent à une enquête indépendante sur les violences postélectorales et à la libération des opposants arrêtés pour des motifs politiques.
La poursuite de Tchiroma Bakary pourrait accentuer la méfiance du public et accroître la polarisation déjà profonde entre partisans du pouvoir et opposition.
Les enjeux pour la stabilité et les droits humains
L’issue de cette affaire dépassera le seul sort d’un candidat.
Elle déterminera la crédibilité du Cameroun sur la scène internationale et sa capacité à garantir les droits fondamentaux de ses citoyens.
Une approche équilibrée — reconnaissant le droit de contester pacifiquement tout en condamnant les incitations à la violence — serait la seule voie pour restaurer la confiance et préserver la stabilité du pays.
Articles de la DUDH concernés
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Article 19 : Droit à la liberté d’opinion et d’expression.
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Article 20 : Droit à la liberté de réunion et d’association pacifiques.
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Article 21 : Droit de prendre part à la direction des affaires publiques et à des élections authentiques.
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